Chez "General Motors" France Arrivé à General
Motors France en 1964 grâce à Claude Belnet un ex-compagnon d'école technique
(le GARAC à Argenteuil), je fus dès le départ employé au service garanties.
Ce service garantie dépendait directement du service après-vente. Il était
situé dans un immense bureau qui regroupait des tas d'autres services. Des
alignements de bureaux à l'américaine (presque à perte de vue) coupés par
des sortes de vitrines ou aquariums où logeaient les sous-chefs de services. et
puis sous les grandes baies vitrées en face de tous, les bureaux secondaires
que sont les grands aquariums de
patrons des services, chacun d'eux avait sa propre secrétaire dont le bureau était
tout contre, mais séparée d'une vitre. Le grand patron du SAV était un américain
(texan) M. Triulzi qui peinait avec le français et préférait s'exprimer en
espagnol plutôt qu'en américain, de ce côté ça m'allait très bien. Il
m'avait à la bonne et à une fois alors que je portais le collier, il me dit:
"Comme ça vous pouvez garder le soupe..." Cet immense bureau était
au premier car dessous étaient placées les grosses presses pour Frigidaire
France (réfrigérateurs et machines à laver qui sortaient sous divers noms
autres que Frigidaire, tels que Frimatic, Laden, Frigeavia etc.), lorsque
celles-ci fonctionnaient on sentait des vibrations intenses et les boum-boum
s'entendaient fort bien. Sous les baies vitrées
des patrons se trouvait un large parking où ceux-ci avaient leurs places réservées.
Dans ce parking se trouvaient les voitures de courtoisie avec chauffeur, c'étaient
de grosses berlines US. Les employés
eux, se garaient à l'extérieur de l'enceinte, car comme un château-fort
l'entreprise GMF était ceinturée totalement de murs et des gardiens en
uniforme (style flics-US) filtraient tous passages à trois entrées différentes.
Si on devait marcher en faisant le tour de l'enceinte, je pense qu'il aurait
fallu plus de vingt minutes! Le matin après
avoir quitté l'enceinte, avoir salué le gardien et être allé à pieds jusqu'à
la belle construction en briques des bougies AC Delco qui était une activité
annexe de GMF. De là je poursuivais jusqu'à l'immense hangar de stockage de pièces
détachées, là je pouvais commencer mon activité dans un petit local spécifique
au service garantie. J'y trouvais ici les pièces défectueuses arrivées la
veille. Mon travail consistait à réaliser un contrôle sommaire des pièces
retournées au titre de la garantie. Cette garantie des voitures neuves était
la même pour toutes les marques de General Motors, cela allait de soi en tout
premier lieu pour les véhicules Opel fabriqués en Allemagne à Rüsselsheim et
Bochum mais aussi pour les Vauxhall ou camions Bedford venant d'Angleterre, et
naturellement pour les autos venues des Etats Unis (Chevrolet, Buick,
Oldsmobile, Pontiac et Cadillac sans compter les Holden venues d'Australie
marque inconnue en France. La garantie pour les véhicules européens était
d'un an ou 10 000Km, par contre les US bénéficiaient d'une extension. Il y
avait aussi les engins de travaux publics GM, concurrents de Caterpillar. Ces
engins monstrueux relevaient d'un service tout particulier de GMF. Les autos venues
d'outre atlantique étaient très peu nombreuses, mais les coûts de garantie
par contre étaient très élevés pour des tas de raisons complexes. Les pièces
étaient donc en moyenne à plus de
90% en provenance de véhicules Opel, plus rarement de Vauxhall ou Bedford et
encore plus rarement de véhicules US. Ces pièces étaient en général
toujours les mêmes: centrales clignotantes, amortisseurs, pompes à eau.
Parfois les pièces étaient totalement inhabituelles, ponts arrière, boîtes
de vitesses j'ai même vu une fois un moteur; le plus souvent c'étaient des pièces
constitutives de ces ensembles: pistons grippés, parfois même bielles,
poussoirs, des soupapes, cônes de synchros ou pignons de BV, j'en passe. Dans
la plupart des cas, nous connaissions des défauts récurrents et il n'y avait
pas de problèmes pour l'obtention de la garantie, mais nous n'avions aucun matériel
de contrôle, pas même un pied à coulisse, encore moins un appareil de mesure
électrique pour Controller une batterie voire un alternateur! En fait, nous
savions qu'un amortisseur tout gras était dû à un défaut de sertissage de la
partie haute qui pouvait provoquer une mal fonction de celui-ci. Dans beaucoup
de cas on se fiait à notre instinct pour accepter ou refuser. Il fallait
d'autre part rendre la pièce contrôlée inutilisable, généralement par un
coup de marteau (ça nous en avions un). Pour chaque voiture livrée à un
concessionnaire il était créé une fiche transmise au SAV qui permettait
d'appliquer ensuite la garantie. Cette fiche était très fréquemment utilisée.
Nous étions deux jeunes hommes à faire ce job de contrôle, mon alter ego
s'appelait Jean Pommer... très sportif, jouait au tennis faisait du ski l'hiver
et était célibataire. Il possédait une vieille Rover style taxi anglais pas récente
du tout mais en bon état, fait remarquable elle avait une boîte trois vitesses
doté d'un overdrive possible uniquement sur la troisième ce qui lui donnait
une surmultipliée ou tout simplement une quatrième.
Nous nous relayions chacun notre tour pour les contrôles pièces et
remontions au bureau les demandes de garantie de toute la France. Après cela
commençait pour nous un travail fastidieux de codification assez complexe et
d'adaptation du temps accordé à la pièce remplacée à l'aide de barèmes de
temps standards qui existaient pour toutes les Opel. Des heures durant tous les
jours nous utilisions ces diverses codifications sur les DIG (Demandes
d'Indemnités sous Garantie). J'ai fait cela des mois et des mois durant et
enfin j'ai pu voir mon salaire augmenter d'une façon acceptable; je gagnais
1000 francs! A cette époque les salaires étaient versés en espèces. GMF
avait installé un puissant ordinateur sur un étage complet, cet étage était
climatisé à température constante, il y avait quantité de consoles
verticales où l'on pouvait voir à travers une vitre des disques tourner par à-coups.
C'était justement cet ordinateur unique qui calculait les salaires et imprimait
l'enveloppe en A 4 dont les dimensions étaient différentes de celles
d'aujourd'hui contenant l'argent destinée à chaque salarié. A ce jour, le
format A 4 est de 21x29,7, alors qu'en ce temps reculé il était de 21x27.(
Tout ça pour s'adapter au format de la rame de papier très précisément.)
Pour alimenter cet ordinateur il y avait un pool très important de filles (on
les appelait les perfos) qui transformaient tous nos documents en cartes perforées.
Ces cartes perforées était l'aliment de base de l'ordinateur. Nos DIG par
exemple en passaient par là. Les perfos, elles étaient une quinzaine de jeunes
filles groupées dans une salle où elles étaient bercées (si je puis dire!)
par le clic-clic de leurs perforatrices, une chef (une garde-chiourme, quoi!)
sur une estrade les surveillait et voir si elles levaient le nez, il était bien
connu qu'à cette époque bien des filles craquaient...C'était un job de fous
ou plutôt de folles! Elles étaient renouvelées bien souvent, en gros tous les
six mois... Quelques unes tenaient et finissaient par être embauchées par
contrat, elles étaient rares! J'en étais là
lorsque GMF décida de créer un stage interne pour dix jeunes gens déjà en
place à GMF. Je fis partie du lot par je ne sais par quel bonheur? Il faut dire
que je m'étais inscrit depuis quelques mois à un cours du soir d'Anglais, cela
a peut-être été influencé. Ce stage était prévu pour durer six mois et
devait se terminer par une quinzaine de jours de promotion des véhicules Opel
sur les plages de Bretagne à l'été, des vacances, quoi! Nous venions de
divers services. On nous fit d'abord passer dans tous les services de GMF: Les
ventes des voitures neuves qui se trouvaient au même endroit que le service après-vente,
puis après cela le service supply (approvisionnement), les pièces détachées
dont les stocks étaient tenus sur des quantités de tiroirs Kardex tenus à la
main au fur et à mesure des expéditions à nos concessionnaires. En fait, ici
à Gennevilliers n'étaient stockées que les pièces Opel et très peu de
Vauxhall et Bedford. Quand aux cinq marques US on se contentait de commander aux
usines exclusivement celles commandées par les concessionnaires. Les
concessionnaires des marques US ne faisaient que très peu de stock de pièces,
à part les gros, par exemple Duvivier à Paris qui était exclusif Chevrolet.
Celui-ci livrait des autos et des pièces dans toute la France sauf sur la côte
d'Azur, il y avait là de gros concurrents. Evidement, le délai était assez
long car toutes les pièces lourdes ou encombrantes arrivaient par bateau! Tous
les services tournant sur l'automobile étaient groupés sur ce premier étage.
Au second se trouvaient les grands patrons (pratiquement tous américains), mais
aussi la cafeteria ou plus prosaïquement la cantine. Les employés de GMF
chaque lundi matin achetaient leurs tickets de repas et boissons. Les repas étaient
servis à trois horaires différents espacés chacun de 20 minutes. En règle générale
10 minutes étaient suffisantes pour déjeuner et comme la coupure était d'une
heure, la plupart d'entre nous (surtout les plus jeunes) allions dehors. Avec
quelques collègues femmes et hommes nous allions en général dans un café et
y disputions des parties de 421 endiablées, ça nous vidait l'esprit et ne
payaient les cafés que les perdants! Lors de ce stage
nous pûmes tout voir de GMF. Je découvris ainsi qu'au rez-de-chaussée en plus
de la chaine de Frigidaire, nous fabriquions aussi toute une quantité de petits
appareils sous la marque AC Delco (auparavant Champion et Delco-Remy), cela
allait des alternateurs aux convertisseurs de couple pour boîte automatique
(une nouvelle usine était en cours d'installation à Strasbourg qui allait
fabriquer des boîtes automatiques (rappel, nous sommes en 1966). Nous passâmes
aussi un bout de temps à l'usine de bougies AC devant la quelle j'étais passé
fréquemment. J'y appris ce qu'était le corindon et les transformations qu'on
lui faisait subir avant de devenir après compression et cuisson la porcelaine
des bougies. Nous avions un chef de
stage qui nous retrouvait chaque jour dans une salle de réunion, nous devions y
rédiger les acquits des nouvelles connaissances et j'en passe...Nous
participions aussi aux réunions des patrons tout particulièrement sur les
ventes de voitures (la plupart du temps en langue anglaise avec l'accent américain!)
Un matin nous partîmes
traînant nos valises dans le métro, puis dans la navette d'aéroport sauf mon
copain Michel de Lons le Saunier qui, lui, par bravade n'avait emporté qu'une
brosse à dents qui était enfilée ouvertement dans la pochette du veston.
Enfin, nous grimpâmes tous les dix dans le Boeing 707 direction Londres en
Angleterre (quatre réacteurs lui permettaient de traverser l'Atlantique, à l'époque
on disait de lui que c'était un vrai fer à repasser volant!).
Nous arrivâmes à l'aéroport d'Heathrow par un temps épouvantable ( c'était
l'hiver anglais). Lorsque les roues touchèrent la piste cela produisit d'énormes
éclaboussures, je crois que l'eau devait bouillir au contact des pneus ultra
chauds, l'avion tanguait, rebondissait de droite et de gauche et le pilote se
reprit plusieurs fois pour enfin poser l'avion. Plus d'un parmi nous eut la peur
de sa vie. Deux Vauxhall Cresta imposantes avec chauffeurs nous attendaient pour
nous transporter à notre hôtel à Londres. Je ne vous dis que cela "le
Regent palace" sur Piccadilly circus c'était un énorme hôtel de plus de
six cent chambres si j'ai bonne mémoire, où nous pûmes déposer nos bagages
dans nos chambres individuelles très cossues. J'ai vu sur internet que cet Hôtel
qui avait ouvert en 1915 est alors à ce jour en cours de démolition, il aura vécu
un siècle pile!!! Une heure après, les deux chauffeurs nous attendaient à la
réception pour nous emmener à Lutton siège de Vauxhall. Traversant Londres
avec une forte circulation, nous fûmes tous, éberlués par la mode féminine
de l'époque, en effet, pratiquement toutes les femmes jeunes étaient en
mini-jupe, quelle surprise! Nous étions agglutinés aux vitres des Vauxhall. A
Paris, nous n'en avions pas encore vu ou si peu! On se serait cru dans un Tex
Avery, nos langues trainaient par terre au figuré! Les deux autos filaient dans
la banlieue londonienne et s'arrêtaient brusquement à chaque passage piéton
signalé par une grosse boule blanche sur un poteau dés lors qu' un individu
s'en approchait. Quel respect de la part de tous les conducteurs et des nôtres
en particulier! Nous étions comme on dit dans le midi éspantés. Après une
heure de route et après avoir pris une motorway arrivâmes à l'usine. Là,
nous fûmes accueillis par une tasse de thé et l'un des patrons qui nous dit en
substance: "I expect to see you here to morrow morning at 9 am. " en
nous donnant cinq clés de contact, il ésperait nous voir le lendemain matin à
9h à l'usine. C'est à dire cinq autos que l'on nous prêtait comme cela sans
autre forme de procès! Nous étions éberlués, et aucun de nous n'avait jamais
conduit en Angleterre. Je croyais être peut-être le plus expérimenté des
conducteurs et pris la tête du convoi de ces petites Vauxhall Viva, copies
conformes des Opel Kadett mais avec le sigle Vauxhall. Très étrange, le volant
à droite et en plus il fallait rouler à gauche! Mais quelle confiance de la
part de ces anglais pour nous, ces jeunes frenchies!
Nous étions estomaqués! Dès
la sortie de l'usine nous nous arrêtâmes, il y avait des cartes dans les
voitures, nous pûmes ainsi repérer le trajet que nous avions pris à peine une
demie heure auparavant, nous repartons. Tout près de Lutton il nous fallait
reprendre l' autoroute (motorway), celle-ci commençait par un giratoire. Mal
inspiré, je pris sans y penser ce giratoire à la française, et patatras nous
étions tous les cinq sur la mauvaise voie de circulation! Nous nous en sommes
immédiatement aperçus et heureusement le terre-plein central était sans barrières
tout en herbe et pas trop mou, un terrain de golf, quoi! Cela a dû surprendre
quelques autochtones de voir ces
cinq autos traversant le terre plein à toute allure avec des gerbes de terre
derrière nous. Et une fois sur la bonne voie nous roulions à 120 Km/h vers
Londres. Nous étions en 1966, je le rappelle il y avait très peu de
circulation et nous nous en tirions bien, la faute à qui ? Nous avons garé les
autos je pense au parking de l'hôtel, j'ai oublié, et sortîmes à pieds en
petits groupes le soir même dans Londres. Soho à deux pas nous tendait les
bras, (un peu le Pigalle de Londres) nous nous y jetâmes! Personnellement j'en
fus très déçu. Surtout déçu en ce qui concerne la bouffe, nous étions
trois je crois rentrant dans un tea-room nous prîmes des sandwiches en pain de
mie et viande de poulet pas bons du tout et hors de prix, nous avons osé
demander de la bière, les serveuses horrifiées nous ont fait bien comprendre
que là, seul le thé et les boissons sans alcool étaient de mise. Du coup à
cinq ou six nous pénétrâmes dans un pub pour y boire une bonne bière tiède!
Le copain avec qui j'étais, Michel brûlait d'envie de faire la connaissance
d'une petite anglaise, quand je dis connaissance, vous voyez ce que je veux
dire. Dans Soho il y avait du choix, Une grande fille brune l'intéressait, elle
ne comprenait pas l'anglais je compris qu'elle venait d'une île caraïbe et
elle ne parlait qu'espagnol, je sus me faire l'interprète, c'est donc moi qui
fis la conversation, elle lui ponctionna quelques £ivres et lui promit de venir
au milieu de la nuit lui tenir compagnie dans sa chambre d'hôtel. Je lui dit
qu'il prenait bien des risques d'avoir payé d'avance, il me répondit qu'il
avait confiance! Nous avons continué notre périple dans Soho, nous vîmes des
cinémas à des prix de séance très bas. Au guichet on nous répondit qu'il
fallait être membre du club, et pour être membre ça n'était pas dans nos
moyens, de l'ordre de dix ou quinze £ivres! Nous nous sommes abstenus. Le
lendemain matin Michel faisait la
gueule, il fallait s'y attendre, la fille n'était pas venue, c'était évident!
Il faut dire aussi que presque chaque soir il retourna dans Soho pour tenter de
récupérer sa mise! Le petit déjeuner au Regent Palace était sérieux. Aucun
d'entre nous n'avait dîné correctement la veille au soir, au restaurant où
ils étaient allés ils avaient demandé du pain on leur en avait apporté une
tranche sur une soucoupe avec un supplément (les anglais avaient subi des
restrictions bien pire que chez nous et c'en était le résultat) . Et là, à
l'hôtel on nous proposait des jus de fruits, des œufs au bacon, des fruits, thé
ou café avec ou sans lait, tout ça avec du pain de mie carré et tout mou.
Nous nous rattrapions, mais sans vrai pain. Un français qui était là voyant
notre mine déconfite engagea la conversation et nous dit en substance que lui
prenais ses repas tous les jours dans un restaurant de l'armée du Salut, qui
proposait du vrai pain et qu' en plus les menus étaient largement suffisants. Dès
le soir venu nous suivîmes sa recommandation et nous en trouvâmes fort bien.
Il fallait bien comprendre que ce restaurant n'était pas pour les nécessiteux
mais bien pour tout un chacun et permettait à l'Armée du Salut de rentrer de
l'argent frais. Nous l'avons bien remercié. Notre petit déjeuner à l'hôtel
fut très très copieux. Nous devions retourner à Lutton tous les dix sans
perdre de temps. Nous avions pris le pli de la conduite à gauche et arrivâmes
sans aucun écart de conduite à l'usine Vauxhall. On nous attendait, et commençâmes
par la visite de l'usine. On nous dirigea
d'abord au bureau d'étude, pour ce faire il fallait monter plusieurs étages, là,
surprise nous devions prendre l'ascenseur. Cet ascenseur pas comme les autres
n'avait pas de portes, plusieurs cabines défilaient en continu sans jamais
s'arrêter sous nos yeux ébahis, ça n'allait pas vite et il suffisait de
calculer son coup autant pour monter que pour descendre! Il y avait un côté
montée et l'autre descente. Un peu
inquiétant, mais faisable, le personnel de l'usine des deux sexes montait,
descendait sans présenter le moindre signe d'appréhension. Il fallait tout de
même ne pas hésiter sinon on avait une grande marche dans un sens comme dans
l'autre. Il n'y avait paraît-il jamais eu d'accident, les uns et les autres fîmes
plusieurs essais, en fait assez rigolo! Le bureau d'études sommes toutes: Des
ingénieurs, des hommes et des femmes derrière des planches à dessin, rien de
particulier. La dessus l'heure
du repas arriva, on nous dirigea vers la cantine. Nous prîmes notre temps et en
nous installant nous avons pu voir que nos assiettes étaient déjà remplies.
Les employés et les ouvriers mangeaient sans trop de bruit, une fois assis nous
attaquâmes à nos assiettes dans lesquelles trônaient des boulettes de viande
au milieu de petits pois vert fluo. Les gens autour de nous finissaient leurs
assiettes, chose curieuses la fourchette à l'envers et poussaient les petits
pois avec le couteau, cela demandait un
entrainement certain! Il faut dire aussi que les petits pois à la menthe, faut
le faire, quant aux boulettes, elles avaient un goût bizarre. Mais, sans prévenir
une équipe de serveuses nous retirèrent les assiettes même pas finies. Aucun
d'entre nous n'avait fini naturellement, quel tollé de notre part. Les
serveuses finirent par comprendre que même si le repas n'était pas tout à
fait à notre goût, nous avions faim, retour des assiettes, nous avalâmes vite
fait celles-ci. Nous avions compris, il fallait manger au lance-pierre, c'était
pourquoi les employés ne parlaient pas en engloutissant leur repas. Je ne me
souviens plus de la suite, mais ça finissait par une sorte de gelée jaune
tremblante très sucrée au goût de gingembre assez infâme! Mais la chaîne
d'assemblage, là, c'était quelque chose. Nous arrivâmes dans les ateliers de
montage, oh surprise accueillis par une musique rock, les ouvriers très décontractés
œuvraient souriants sans se presser. Il y avait d'abord les ateliers de sous
ensembles les moteurs, les boîtes, les ponts (n'oublions pas que nous étions
encore à l'époque du tout propulsion, mis à part Citroën et Panhard), la
sellerie et j'en passe. Puis enfin, nous arrivâmes sur la chaine de montage
proprement dit. Là, surprise: Tous les modèles de la marque se trouvaient mêlés
ensemble sur la chaîne, cela allait de la Cresta six cylindres, aux différents
types de Victor, à la "quatre vingt dix" et finalement à la Viva. L'approvisionnement
de la chaîne devait être des plus complexe, car, lorsque l'on sait que chaque
auto a une individualité très précise: couleur, puissance et options
diverses. C'était assez surprenant et, en bout de chaîne il y avait deux contrôleur
de véhicule fini, un côté gauche et un autre à droite. Ce système a dû
perdurer longtemps car bien des années plus tard j'ai vu des Vauxhall très
bizarres, l'une une Victor 101 avait un côté gauche normal pour une Victor 101
et le côté droit avait les caractéristiques d'une 4.90, une autre fois j'ai
vu une Victor avec à l'avant droit un tambour de frein et côté gauche un
disque (évidement elle tirait au freinage, raison pour laquelle elle avait été
signalée à la GM). Encore plus étonnant, il y avait un des employés de la
chaîne qui s'occupait exclusivement de la pose des pare-brises qu'il montait
tout seul, il y avait sur son poste de travail des piles de pare-brises de
chacun des modèles, il s'efforçait de préparer ceux-ci en fonction des modèles
passant devant lui, c'est à dire qu'il adaptait les joint caoutchouc sur chaque
pare-brise avant d'aller tout seul le poser sur l'auto correspondante. Il avait
son maillet caoutchouc, sa cordelette et son mastic spécial, c'est tout. Il lui
arrivait de prendre de l'avance et de remonter la chaîne sur une vingtaine de mètres
avec un pare-brise posé avec un torchon roulé sur la tête, et puis à un
certain moment un des contrôleur vint le voir et lui dit
quelque chose à l'oreille. Il se dépêcha de préparer un pare-brise de
Cresta (le plus grand) et il partit comme d'habitude avec l'objet sur la tête
jusqu'au parking des autos finie et contrôlées jusqu'à une Cresta sans vitre,
les feuilles des différents contrôles posés sur le tableau de bord! Il prit
la peine après la pose de récupérer les feuilles et de les coller sur le
pare-brise! Nous allions d'étonnement
en étonnement lorsque la musique se tût car en une fraction de seconde tous
les ouvrier cessèrent leur activité qui pour boire un thé, voire du jus de
fruits, qui pour aller jouer aux cartes. Les Vauxhall avaient en France la réputation
de perdre leurs boulons, on comprenait pourquoi en effet, car l'employé
qui serrait les boulons de culasses par exemple, lorsqu'il arrêtait n'avait
pris aucun repère du dernier boulon serré, on saisit la suite! Et lorsque l'on
fit part de nos constatations, on nous répliqua que les syndicats étaient tout
puissants et que l'on ne pouvait que constater! Puis l'on passa au centre
d'essais qui était une simple piste en anneau. Deux jours plus
tard nous allâmes à l'usine Bedford. Mis à part que l'on y construisait de
petits camions, en général des chassis-cabines, parfois des fourgons et non
des autos comme à Luton, mais le principe de fonctionnement de cette usine était
le même. Nous vécûmes
aussi le "closed on sundays", tout
était fermé ou presque, heureusement, nous avions notre restaurant de l'Armée
du Salut qui lui restait ouvert et nous pouvions nous y nourrir correctement
avec du pain à volonté! Je savais aussi que les anglais avaient aussi mis
longtemps à se remettre de la guerre, il y avait onze ans
qu'elle était terminée et compter une tranche de pain dans une note de
restaurant, tout de même! Le dimanche que
nous passâmes à Londres fut instructif, mais pour être poli on s'embêtait.
Nous avons visité la ville à pieds et aussi en auto. Je dois avouer aussi
qu'il m'est arrivé un truc pas rassurant. Je roulais dans une rue, quand je décidais
de tourner à gauche, là, un peu dans la lune, j'oubliais en prenant le virage
de rester à gauche et me suis retrouvé sur le côté droit de la rue au moment
précis où un imposant bus rouge me fonçait dessus. J'ai eu peur mais j'ai pu
revenir à temps sur la bonne voie de gauche! Le week-end à l'hôtel nous surprîmes
des comportements uniques. Certains clients se retrouvaient avec nous dans
l'ascenseur avec une grosse bouteille de Gin voire de Whisky, ils montaient
ainsi se piquer la ruche tout seuls dans leur chambre. Puis vint le moment
de retourner chez nous, il fallut retourner à Lutton avec nos bagages remercier
les patrons de leur accueil si sympathique, et surtout leur rendre leurs cinq
autos qui n'avaient pas une égratignure, heureusement d'ailleurs. Les deux
chauffeurs que nous reconnaissions nous ramenèrent à l'aéroport de Londres
pour repartir sur Orly par beau temps. Notre stage
continuait, nous passions maintenant énormément de temps en salle à rédiger
nos rapports et exposés que nous devions réaliser devant les patrons des différents
services. Cela a duré longtemps, trop longtemps. Et puis un jour on nous annonça
que début juillet nous allions nous relayer par tranches de quinze jours pour
chacun d'entre nous sur les plages de Bretagne! La Bretagne avait été divisée
en cinq parties relativement égales. Cinq d'entre nous partaient et cinq
restaient. A moi et mon alter ego il avait été réservé la moitié de la
Bretagne nord, lui, prendrait derrière moi les quinze jours restants. Cette
zone partait donc de Binic jusqu'à Perros-Guirec. Nous pourrions voir le Mont
St Michel mais sans y aller. Nous devions visiter chaque plage et y rester le
temps que nous estimerions devoir y passer en fonction de l'intérêt de ces
plages par les vacanciers, entre un et deux jours. A nous de nous débrouiller
pour trouver à loger et prendre nos repas. On nous avait alloué une grosse
somme en liquide, au retour il nous faudrait rédiger une note de frais, nous
avions un forfait journalier pour y pourvoir. Quant aux chauffeurs sans voiture,
des étudiants, ils étaient payés d'avance pour le mois, à eux de se débrouiller.
Ils avaient tous apporté des tentes et comptaient bien se nourrir de
sandwiches. On nous affectait quatre
Opel Kadett une coupé rouge, une Kadett de base en deux portes, une en version
luxe quatre portes et enfin un break qui était nommé chez Opel la caravan. J'étais
responsable d'un stock de ballons, de casquettes marqués Opel Kadett et de
documentations commerciales sur OPEL que je pourrai faire renouveler dans la
concession Opel de Rennes, et si j'avais des renseignements prècis sur d'éventuels
futurs clients. Le premier juillet au matin je me retrouvais à Gennevilliers
dans l'immense parking de GMF avec notre patron de stage qui nous indiqua, pour
chacun des quatre qui partaient, nos quatre voitures ainsi que les trois
chauffeurs sans voitures qui nous accompagneraient.
Nous devions donc promouvoir l'Opel Kadett 1966 qui avait légèrement
changé de look ainsi que son moteur qui passait de 1 000 à 1 100 cm3. A cette
époque la plupart des autos comportaient sur la portière avant un déflecteur.
Ce déflecteur est une petite vitre triangulaire placée en avant de la vitre
coulissante et chez Opel l'ouverture de celui-ci n'est possible qu'après avoir
enfoncé un petit bouton de verrouillage placé sur le levier d'ouverture. Par
contre chez Opel les sièges sont encore résolument fermes, rien à voir avec
le voluptueux enfoncement hyper souple des sièges de DS 19; et contrairement à
la plupart des voitures françaises d'entrée de gamme
les Opel ont des sièges en drap. La caravane était composée de la façon
suivante, en tête je roulais dans le coupé rouge, suivait la Kadett luxe 4
portes, derrière venait la deux portes version économique à sièges en
moleskine et enfin le break 4 portes appelé
caravan chez Opel. Les trois garçons avaient emporté des tentes, quant à moi
en tant qu'employé de General Motors j'avais reçu une allocation en liquide
qui me permettrait de coucher à l'hôtel et de déjeuner au restaurant et une
autre bien plus importante pour les
pleins d'essence et l'entretien s'il le fallait des quatre voitures. Je crois,
en fait être parti avec près de mille francs au total. Nous voila partis
les quatre Kadett (toutes neuves avec à peu près 15 kilomètres au compteur),
les unes derrière les autres, un petit bout d'autoroute de l'ouest, pas très
long il faut l'avouer. Et puis ensuite Dreux, Alençon, Domfront et arrivons
enfin au Mont St Michel. Nous n'y sommes pas allés mais nous avons pu le voir
depuis la route. Après le Mont, nous dirigeons nos autos vers Le Vivier où
nous allons passer la nuit. J'ai trouvé assez facilement une chambre dans une
pension de famille si mes souvenirs sont exacts. Les trois étudiants avaient
planté leurs tentes de leur côté. Par la suite, tous
les matins entre 9 et 11 heures nous faisions une descente sur une plage en exécutant
des dérapages des gerbes de sable derrière nous, puis revenions vers
l'entrée de la plage nous distribuions documentations, casquettes et ballons
tout cela en fonction des marées. Plusieurs fois sur certaines plages j'ai bien
cru que nous allions y rester, et même laisser une des voitures avec la marée.
Cela ne s'est pas produit, heureusement pour moi et mon avancement!
Après cela nous allions dans une station service où nous pouvions laver
les autos au jet pour les débarrasser du sable salé et les rendre présentables
pour la prestation suivante. Nous visitâmes ainsi un très grand nombre de
ports de pêche et plages faisant à chaque
fois la promotion de nos autos, c'étaient Cancale, Saint Malo, Dinard, Pleneuf,
Binic, Étables, Saint Quay Portrieux, Épi d'Or, puis Paimpol et bien d'autres;
j'ai fini par Perros Guirec qui était pour moi le lieu de rendez-vous avec mon
jeune collègue qui allait prendre la suite de la promotion avec les quatre
voitures. Cet été là était fort chaud, et l'après-midi, nous en prenions à
notre aise profitant des plages, allant nous baigner et bronzer! De ma vie, je
n'avais jamais été aussi noir! Pour la première fois de ma vie je m'étais éclaté
au boulot! Et cela n'était pas le boulot! Je suis rentré
enfin à Gennevilliers pour rendre des comptes d'une part sur la façon dont
j'avais géré ces quinze jours et aussi évidement sur le plan des dépenses.
Ma note de frais fut étudiée et tout se passa bien pour moi. Je retrouvais
quelques-uns de mes amis du stage et finîmes tranquillement le mois avec notre
chef de stage. Avec Dany, nous prenions nos vacances en août, et justement nous
allions pouvoir les prendre avec une belle auto que j'avais commandé à la GM. Et voilà, elle était
arrivée fin juillet chez un concessionnaire parisien, en l'occurrence Auto-Hall
qui en plus d'Opel représentait aussi la marque Buick chez GM. C'était une
deux portes version luxe de couleur blanche. Pour la première fois de notre vie
avec Danielle nous avions acquis une voiture neuve. Nous allions pour une fois
prendre de vraies vacances en Août et comme je revenais de Bretagne enchanté
de mon séjour nous décidâmes de pousser jusqu'à Saint Malo et la côte nord
de La Bretagne. Mais, voilà nous n'avons pas eu de chance avec le temps. Il
avait fait si beau en juillet et ce mois d'août se présentait très mal,
d'abord il y avait du vent, beaucoup de vent. En arrivant à saint Malo la première
des choses était de trouver un hôtel, ça n'a pas été si simple et avec
notre petite fille, il était impératif d'avoir une chambre ce soir. Mais la
chance était avec nous notre hôtel était dans la ville intra-muros, nous
avons dû laisser la voiture dans une rue à dix bonnes minutes du centre ville
de saint Malo. Nous avons donc été obligés de trimbaler nos bagages sous la
pluie et le vent qui commençait à souffler en tempête. Notre petite Laure
avait treize mois et marchait déjà très bien, mais nous avions une petite
poussette qui nous rendait bien des services. Après un dîner de fruits de mer
accompagné de bolées de cidre, nous avons rejoint notre hôtel, nous dormîmes
très mal car la tempête s'était déchaînée, on entendait même des objets
tomber, nous restâmes tout de même tranquilles jusqu'au matin. Nous sommes
ensuite descendus prendre notre petit déjeuner, là, les patrons de l'établissement
et quelques clients parlaient très fort en commentant la nuit. En effet, pas
mal d'incidents étaient arrivés la nuit passée: Cheminées ayant écrasé des
autos, une quantité impressionnante d'ardoises jonchaient trottoirs et chaussées,
certaines s'étaient même plantées dans le goudron! Du coup, nous étions un
peu inquiets pour notre Kadett. Nous prîmes nos bagages sur le dos et notre
petite Laure par la main et allèrent jusqu'à l'auto, pas trop inquiets car
nous étions garés dans un quartier résidentiel où les maisons étaient des
villas. Las! En nous approchant nous fûmes étonnés de voir du monde ainsi que
les pompiers! Et bien pendant la nuit une de ces grandes grues de chantier s'était
abattue sur la chaussée, la barrant totalement et écrasant totalement une
voiture à cinq mètres de la nôtre! Le vent soufflait toujours en tempête et
la pluie était très forte. Nous avons décidé de quitter saint Malo et de
partir vers le sud ouest, la pointe du Raz par exemple. Par des petites routes
nous prîmes la direction d'Audierne. Laissant de côté Quimper, nous passâmes
à Douarnenez, puis Audierne. Le temps n'était pas bien meilleur ici, nous
avions envisagé de visiter l'île de Sein, mais pas question, pas un bateau ne
sortait en mer, elle était démontée évidement! Nous pûmes tout de même
aller visiter le plus grand vivier de la région où il n'y avait que des
crustacées en particulier des homards, mais aussi araignées de mer et
tourteaux. Enfin nous sommes allés jusqu'à la pointe du Raz à pieds sous une
pluie battante, mais nous vîmes ainsi la mer déchaînée, c'était
spectaculaire! Par contre nous n'y avons pas traîné, c'était évident. Nous
n'avions pas eu de peine pour trouver un hôtel et restâmes une bonne partie de
la journée dans la chambre. Le temps avait l'air de se calmer. Le lendemain
nous repartîmes pour saint Malo. Nous pûmes ainsi profiter des lieux, voir une
marée basse exceptionnelle, faire
le tour des remparts visiter le musée Quic en Grogne (je crois qu'il a
disparu), déguster quantité de fruits de mer en nous régalant. Nous avons bien
pris quelques bains de mer, tout cela sans nous attarder et partîmes plein est
direction le Jura et la Suisse; nous n'y avons fait qu'une incursion de courte
durée. Après avoir mangé des
glaces du côté de Genève, nous fîmes un pique-nique dans un petit coin
sauvage et boisé. La dessus nous décidâmes de rentrer chez nous. Nous sortons
de la Suisse en direction de Ferney-Voltaire lorsque nous tombons sur une toute
petite douane française. Là, ces messieurs se sont régalés; Laure dormait
sur le siège arrière et eûmes l'impression que les douaniers faisaient exprès
d'être bruyants, Dany étai très agacée, d'autant qu'n Suisse nous n'avions
strictement rien acheté. Cela leur a semblé suspect et voilà malle ouverte
remplie surtout des affaires de Laure, son ballon était tombé en ouvrant la
malle, les deux plaques de mousse qui lui servaient de matelas se trouvaient par
dessus. Elle avait marché dans une crotte de chien pendant notre pique-nique
et, sachant que nous rentrions le soir même à la maison, j'avais glissé ses
petites chaussures entre les deux plaques de mousse, cela ne portait plus à
conséquence, nous n'en aurions plus besoin. Un des douaniers palpait dans la
malle au hasard, et manque de chance, il glissa une main entre les plaques de
mousse et dut sentir une chaussure et ressortit celle-ci on devine comment.
Laure qui, entre temps s'était réveillée et surveillait les opérations dit:
"caca toutou". Les douaniers crurent probablement qu'on les grugeait,
vidèrent totalement la malle, fouillèrent dans la voiture et allèrent jusqu'à
vider le sac à main de Dany sur le capot. Elle était très en colère et eux,
finalement n'ayant rien eu à se mettre sous la dent nous laissèrent repartir
au bout d'un long moment avec une malle encore plus chargée et mal chargée. Puis, l'école
technique de GMF eut besoin d'un instructeur, on me proposa le poste, l'homme
que je devais remplacer Fernand Rapez...qui retournait dans son pays à GM
Venezuela. J'ai donc abandonné le service garantie et j'ai sauté sur
l'occasion et ne l'ai pas regretté, ce job était très valorisant et intéressant.
L'école était à La Garenne Colombes à 20 minutes au moins de Gennevilliers où
se trouvait la GMF. Mon patron, M
Rougier était un vieux de la vieille de GMF, il avait connu le temps de
l'occupation, celui des américains qui réparaient les Jeeps et GMC et des
bureaux GMF rue de la Boétie. C'était un vieux renard qui aimait les blagues
salaces, en plus au bord de la retraite. Pour tout arranger il était sujet aux
coliques néphrétiques, le plus souvent cela le prenait au volant de son Opel
Rekord, ce qui n'était pourtant pas très recommandé! Et
voilà, ensemble nous fîmes quantité de stages pour les mécaniciens du réseau
de la GM, le premier de tous les stages fut celui des boîtes automatiques (c'était
à mon sens le plus intéressant) , il faut dire qu'à cette époque les boîtes
automatiques n'avaient pas vraiment la cote et de plus très mal connues du
public comme des garages. Général Motors avait sorti pendant la guerre une boîte
deux vitesses, la Powerglide qui avait équipé un nombre incalculable de véhicules
et même certaines Opel pouvaient en être dotées. L'entreprise avait même
inventé l'huile qui équipait ces boîtes. Il y avait eu aussi la boîte
Hydramatic que la GM avait créé pour les voitures européennes, elle n'a pas
duré d'ailleurs. Mais la GM avait créé pour les grosses cylindrées de son
groupe deux boîtes la superturbine 300 et la 400 respectivement à trois et
quatre vitesses. Là, je vais un peu
expliquer ce qu'il en est de ces mécaniques: Les boîtes automatiques ne sont pâs
entraînées par un embrayage mais par un convertisseur de couple qui remplace
le premier et apporte une souplesse
inégalée, mais du fait du léger glissement dans la transmission du mouvement,
il occasionne un légère surconsommation de carburant. C'est un caisson
cylindrique de forme de torique fixé directement sur le volant moteur (volant
en tôle léger car le convertisseur est très lourd) et relié à la boîte par
un gros tube comportant deux crans permettant d'entraîner la pompe de la boîte
et ainsi d'avoir à disposition une très forte pression. A l'intérieur de
celui-ci il y a deux turbines principales, la première est fixe soudée
directement au corps de convertisseur et lui faisant face à quelques dixièmes
de mm la seconde (turbine réceptrice) qui, elle est solidaire de l'arbre d'entrée
de la boîte. Ces turbines ont des pales inclinées par rapport à l'axe diamétral.
Lorsque le moteur tourne la pompe remplit complètement le convertisseur (à
l'arrêt, il se vide à moitié) et immédiatement l'huile qui est à l'intérieur
est éjectée vers la périphérie de celui-ci, mais comme c'est un vase clos,
elle traverse la turbine réceptrice et retourne vers l'axe, créant ainsi un
tore d'huile et par la force des
choses entraîne celle -ci presque à la même vitesse et entraîne ainsi la boîte.
Mais il y a une troisième turbine beaucoup plus petite que les deux autres,
elle est au centre et installée sur une roue libre, ses pales sont légèrement
inversées, ce qui fait qu'au démarrage, elle se bloque sur sa roue libre en
redressant le flux d'huile et permet ainsi une meilleure accélération au départ,
c'est le stator. Précédant le
convertisseur de couple, il y avait eu le coupleur qui, lui n'avait pas encore
de stator, il a donc été abandonné. Dans la boîte il y
a plusieurs jeux de trains épicycloïdaux et plusieurs arbres creux cannelés
ou crantés relient les différend éléments. Ces trains sont composés
D'abord d'une couronne à denture intérieure, d'un pignon central le soleil,
d'un porte satellites dont les pignons satellites sont engrenés en même
temps sur le pignon soleil et sur la couronne à denture intérieure. La
couronne, le soleil et le porte satellite peuvent tous être reliés à des
arbres différents et suivant qu'on bloque l'un ou l'autre des éléments on
peut obtenir une marche arrière une démultiplication ou l'inverse. Il existe des
embrayages de disques empilés permettant de bloquer un élément par rapport à
un autre d'un second train ou aussi des bandes qui encerclent les couronne , qui
peuvent les bloquer. Ces ensemble d'actions sont réalisés par la pression
hydraulique commandés par des tiroirs assez complexes (dans le boitier de
soupapes) qui eux sont à leur tour commandés d'une part par la sélection
manuelle du pilote et d'autre part par le régulateur centrifuge entraîné, lui
par l'arbre de sortie de la boîte. Il est concevable
que le mécanicien confronté à une panne est totalement impuissant s'il ne
connaît pas le fonctionnement ni la recherche de pannes (qui sont multiples).
C'est pourquoi, je me suis régalé dans ce type de formation. Ainsi, pendant près
d'un an eurent lieu ces formations boîtes automatiques, chaque semaine entre
sept et dix mécaniciens de la France entière arrivaient le lundi matin et
repartaient le vendredi dans la soirée. Ainsi nous fîmes
une dizaine de stages différents, cela allait de moteurs aux boîtes mécaniques,
à la carburation, à l'injection électronique qui venait de sortir sur la
Dipplomat, à la climatisation qui, mise à part sur les véhicules US était très
rare, mais commençait à entrer chez les européens; l'électricité et sa schématisation
dans l'automobile faisait aussi partie de nos compétences car souvent un
tant soit peu ardue à assimiler. Mais j'aurais dû
me contenter de ce que j'avais car en fait j'étais titillé par le désir de
partir sur la route comme inspecteur technique, pour moi, à l'époque, c'était
vraiment le Graal, et il se trouva qu'une place devenait disponible. J'allais
donc voir le sous-directeur du service M. Mortimore dit RAM car à la mode US on
faisait précéder les initiales des prénoms( Robert André Mortimore). Ce
dernier s'était spécialisé dans les courriers de réclamation des clients et
les courriers de relance auprès des concessionnaires. C'était un anglais très
proche de la retraite d'ailleurs, qui avait espéré devenir directeur lorsque
M. Triulzi, un vrai américain moulé dans le sein de General Motors, lui avait
brûlé la politesse! Je
lui exposai ma demande, il fut très surpris et me trouvait un peu jeune, mais
après quelques jours seulement on me fit savoir que c'était accepté. Je fus
très heureux de l'acceptation de la direction, j'appris plus tard que c'était
monté jusqu'au PDG. Je devenais donc
fieldman ce qui dans le jargon américain de la boîte voulait dire itinérant
ou voyageur. On me dit qu'une auto m'avait été commandée, je devrais attendre
quelques semaines. Dans l'immédiat GMF avait un problème avec les nouvelles
Opel Dipplomat injection électronique Bosch. A peine sorties, ces voiture
avaient toutes sortes de soucis électroniques évidement. Or il se trouve que
Citroën avec ses DS équipées aussi en injection électronique Bosch
connaissaient les mêmes déboires. GMF m'envoya donc à Cholet et Oyonnax pour
tenter de résoudre chez les concessionnaires de ces villes des incidents sur
Opel Dipplomat injection Bosch, mais en train, Ils n'avaient pas encore de
voiture sous la main pour moi. Je partis donc les mains dans les poches, si je
puis dire n'ayant la possibilité d'emporter quoique ce soit outillage ou pièces.
J'avais fait l'acquisition peu de temps auparavant d'une petite Opel Kadett 2
portes que j'avais prise chez le concessionnaire Auto-Hall de Paris qui faisait
aussi Buick. J'habitais dans l'Oise pris donc ma Kadett et allais au seul
parking couvert et gardé que je connaissais à Paris. Puis de là directement
à la gare en direction de Cholet. Arrivé là, je me présentais chez le
concessionnaire Opel; je dois dire que j'avais étudié le système Bosch à l'école
de La Garenne et devant la voiture, je trouvais immédiatement la cause de la
panne un petit détecteur placé sous l'allumeur qui permettait d'indiquer à l'électronique
la position précise du vilebrequin. Naturellement, la pièce était absente,
elle fut commandée immédiatement à Gennevilliers avec promesse d'une expédition
ultra rapide. J'étais sûr du diagnostic, je pouvais quitter Cholet et
reprendre le train pour Oyonnax. Vous pensez cela va être rapide, oui, sur la
carte, en fait j'avais deux changements et le dernier à bord d'une Micheline
Picasso (celle dont le conducteur est placé dans un habitacle très étroit
carrément sur le toit de la micheline). Enfin, j'arrive à Oyonnax après avoir
avec la micheline suivi des gorges étroites au milieu des mélèzes, des sites
exceptionnels qu'on ne voit exclusivement qu'en train dans le massif du Jura, la
route suivant un autre chemin. Puis, enfin, je fis la connaissance de m. Ardito
le concessionnaire Opel d'Oyonnax. Fin pêcheur de truites au Veron vivant c'était
aussi un super mécanicien et bon chef d'entreprise avec son épouse. Il me dit
que les hôtels du village étaient pleins et il me conseilla d'aller dans un
petit hôtel-restaurant du lac Genin, mais je suis à pieds lui ai-je dit. Qu'à
cela ne tienne j'ai une 403 Voiture d' Occasion, cela n'est pas un problème. Je
suis donc parti avec ma valise dans la 403 au lac Genin. Il y avait pas mal de
neige à Oyonnax et j'avais environ 10 kilomètres à faire sur une route très
peu déneigée. L'hôtel était très sympa, le tout dans un cadre sensationnel
le lac gelé et pour ne rien gâcher, une table exceptionnelle, le premier soir
j'ai mangé, je m'en souviens fort bien une énorme côte de veau au grill avec
des champignons (je crois que c'étaient de morilles). Et puis, je ne sais pas
ce qui m'a pris, je suis retourné à Oyonnax, je me suis garé le long du bâtiment
de la petite boîte de nuit et suis rentré...Une demie heure plus tard je
sortais ayant consommé un petit baby, à part la musique, il n'y avait
personne! Je m'approchais de la 403 dans la nuit noire, je remarquais qu'un
paquet de neige était tombé du toit sur la voiture, d'un revers de bras je
virais la neige du pare-brise et pénétrais dans l'auto. Mais, vlan je me
cognais sérieusement le crâne, la neige avait totalement enfoncé le pavillon
de la 403! J'étais dans de beaux draps, mais je voulais tout de même aller me
coucher au lac Genin. J'ouvris la porte arrière gauche et rentrais penché en
avant, puis, faisant le dos rond d'une poussée brutale je ramenais le pavillon
dans son état presque d'origine! Je rentrais vite à l'hôtel. Le lendemain au
jour je pus remarquer que le toit de la voiture était légèrement plissé. C'était
regrettable, mais n'y pouvais plus rien. M.
Ardito rigola en voyant la 403, mais j'étais de toutes façons très gêné,
penaud de mon incartade. Je me mis immédiatement au travail, c'est à dire
m'occuper de la pauvre Dipplomat; il me sembla très rapidement que le boitier
électronique était défectueux, Naturellement nous n'avions pas cette pièce
mais après discussion et conversation téléphonique, nous allâmes chez le
concessionnaire Citroën qui avait, lui une DS en rade pour une panne de même
style. Nous lui empruntâmes la pièce en question pour aller l'essayer. Avant
d'ôter le cerveau électronique je fis le tour des éléments susceptibles
d'entrainer la panne et par chance, trouvais quel élément avait rendu l'âme.
De retour chez Ardito nous testâmes le boitier sur la Dipplomat et joie, le
diagnostic était correct. Nous pouvions commander à la GM le boitier. Ardito
était satisfait et malgré sa 403 au toit gondolé il me conduisit à la gare
après un bon repas chez lui saucisson sous la cendre et belle truite péchées
par lui la veille. En
attendant une voiture et pour me former je fis équipe avec un collègue,
Breton-pure-souche de Dinard, comme un certain navigateur il avait nom
Couleau-Le Cam. Celui-ci avait travaillé une quinzaine d'années chez
Renault-Recherche, il avait entre autres travaillé sur l'étude d'un moteur
rotatif qui en était resté à l'étude! (ce fameux moteur était mis en route
par un moteur électrique, en installant tous les paramètres nécessaires, puis
on coupait l'alimentation électrique pensant que le moteur rotatif avait démarré
correctement. Il n'en était rien. Renault a semble-t-il abandonné la chose!
Heureusement Renault est une grande entreprise très réactive et bien d'autres
projets très importants ont pu être réalisés avec succès. Il faut voir
maintenant Renault en formule 1 et puis aussi Renault sport)
Nous devînmes rapidement amis, c'était un bosseur et il m'apprit
quantité de choses tant sur le métier que sur la technique proprement dite.
Comme la plupart des inspecteurs à ce moment il était doté d'une Opel Rekord
1900 ce qui à cette époque était tout à fait honnête. Dans les années 60
il n'y avait pas encore de cartes bancaires et relativement peu de gens avaient
un compte bancaire et un chéquier, d'autre part, nous étions payés en espèces.
Ce qui fait que les inspecteurs touchaient une avance respectable pour les frais
de route, pour le carburant, hôtels et restaurants. Donc, un lundi
matin nous nous sommes retrouvés à la GM à Gennevilliers pour aller chercher
notre avance en espèces la sienne était plus importante car il devait
supporter les frais d'essence. Il y avait très peu d'autoroutes à cette époque
et mis à part l'autoroute de l'Ouest qui démarrait au tunnel de St Cloud et
celle du Sud, ça s'arrêtait là. Naturellement il y avait des tronçons ici et
là. Par exemple étant sur la RN 6
on trouvait un tronçon à péage entre Sens et Auxerre pour une pièce de 1
franc on retrouvait le même processus à la sortie de Villefranche sur Saône
Jusqu'à Limonest avant de descendre sur Lyon. Nous avions pris cet itinéraire
car nous allions à Grenoble où nous attendait une Chevrolet en panne avec un
moteur neuf. Nous avions décidé de nous relayer pour le volant et je ne
conduisis qu'un tiers du voyage à l'aller. A l'approche de Grenoble nous
passions sous un téléférique de chantier, les bennes devaient contenir nous
le pensions du mortier. Nous traversons Grenoble et prenons la direction de
Uriage et Chamrousse sur une voie rapide à chaussées séparées, mais nous étions
arrivés à Saint Martin d'Hère où se trouvait la nouvelle concession Opel
toute neuve. Immédiatement nous nous présentons à l'atelier où nous
attendait une belle Corvette dont le mécanicien venait de remplacer le moteur
cassé par un démarrage à froid! Le mécanicien ne comprenait pas que le
moteur ayant démarré normalement refusait totalement d'accélérer en toussant
à qui mieux mieux. La Corvette en question n'était pas équipée du gros
carburateur 4 corps habituel, mais d'un système d'injection très complexe
assez bizarre dont nous ne comprenions pas très bien le fonctionnement et en
avons très rapidement mis en doute le fonctionnement. Nous décidâmes de
discuter de ce cas épineux avec des collègues de la GM, et partîmes sans
avoir résolu le problème. De retour à Gennevilliers nous nous retrouvâmes en
réunion avec tout l'aréopage des techniciens et aidés du
"shopmanual" Corvette de l'année du véhicule. Bien des solutions
furent envisagées, mais aucune ne semblait convenir, finalement la direction
prit la décision de changer la pipe d'admission et de poser le carburateur
classique 4 corps, cette solution était, très onéreuse il est vrai, mais on
se fiait à nos observations sur place et on ne pouvait envisager de laisser
cette auto en panne, inenvisageable! Environ quatre à
cinq semaines plus tard nous repartîmes de concert à Grenoble avec dans le
coffre de l'Opel Rekord qui m'avait été confiée le kit complet de
carburation, Michel Le Cam mon collègue faisait évidement partie du voyage,
c'est même lui qui conduisait en sortant de Paris. Nous avions pris notre
temps, ce qui fait qu'à la sortie de Lyon nous avons pris un déjeuner rapide.
A seize heures nous arrivions à St Martin d'Hères; le mécanicien avait été
prévenu de notre arrivée, il avait déposé la pipe d'admission sur laquelle
était intégré le système d'injection. Dès notre arrivée, nous nous attelâmes
à la nouvelle pipe et au carburateur. En très peu de temps nous étions en
mesure de donner un tour de clé de contact. Le moteur démarre et, nous voilà
dans la même posture qu'auparavant, il nous est impossible d'accélérer! Nous
sommes dégoutés, nous réfléchissons très sérieusement à ce grave problème.
Serions-nous revenus ici pour rien? Les soupapes sont bridées, pour nous cela
n'est pas possible car les poussoirs hydrauliques se règlent automatiquement dès
la mises en route du moteur. Mais on va essayer quelque chose, nous déposons la
pipe d'admission qui recouvre les poussoirs des deux côtés du moteur et
cylindre par cylindre nous débridons tous les poussoirs, nous faisons un truc
absurde, mais nous y allons jusqu'au bout. On déboulonne la pipe. Un coup de clé
et miracle, ça fonctionne...Le moteur se lance comme il faut, incroyable!
L'injection n'y était pour rien, mais nous avons déréglé les soupapes au
pif, il faudra remettre ça quand nous connaîtrons les jeux pour admission et
échappement. On appelle immédiatement la GM, la plupart des employés sont
partis mais coup de chance nous tombons sur Scagnetti, c'est certainement notre
chance. Alors, dit-il ce moteur aurait des poussoirs mécaniques, comme c'est étrange!
Finalement il trouve un shopmanual traitant de la Corvette injection, et c'est
bien cela elle est dotée de poussoirs mécaniques, Il trouve immédiatement les
réglages et nous les donne. Mais le temps a filé la plupart des mécaniciens
sont partis dont le nôtre. Nous serons là demain matin à huit heures. Nous
voilà arrivés à 8 h au garage. Tout de suite nous travaillons avec le mécanicien,
déposons à nouveau le collecteur d'admission, puis, faisant tourner le moteur
à la main, réglons les seize poussoirs aux cotes que l'on nous avait donné la
veille. Une fois tout remonté, nous reposons le capot qui n'avait jamais été
reposé depuis l'échange du moteur il y a bien longtemps déjà! Et puis mise en
route du moteur, un doux ronron se fait entendre, mais dès que l'on toucha la pédale
un rugissement se fait entendre dans le garage...Nous décidons que nous l'avons
mérité, on va aller l'essayer, nous nous installons après avoir installé
tant bien que mal le mécanicien sur la place arrière qui est très étroite.
Nous prenons la route U2 qui va vers Uriage et Chamrousse, et Le Cam dès que la
route est libre largement devant nous appuie à fond sur la pédale, la Corvette
a bondi, le compteur grimpe jusqu'à des chiffres impensables peu loin de trois
cent!!! C'est moi qui ramène l'auto mais je n'ai pas atteint les mêmes sommets
de vitesses. De retour à
Gennevilliers nous faisons notre rapport qui prouve que les shop-manuals
en américain sont difficilement compréhensibles pour des yeux français
mais comme chaque modèle US de chaque année a son bouquin, c'est ingérable du
moins c'est ce que l'on pense. Pour exemple la Corvair, cette seule voiture US
à moteur arrière de 6 cylindres à plat refroidi par air comme les Porsche 911
a fait l'objet aux States d'une campagne virulente de la part du réputé avocat
Ralph Nader contre cette auto qui a couté la vie à de très nombreux Nord-américains
parce qu'elle montait aux arbres. C'est une image, mais sa réputation de
mauvaise tenue de route était réelle. En fait, tout venait du shopmanual
Corvair qui n'était pas du tout explicite sur la façon de régler le train
arrière, en fait, il fallait que les roues arrières Pincent vers l'arrière et
non vers l'avant, ce qui dans ce dernier cas provoquait des catastrophes, mais
le bouquin n'était pas clair du tout et bien des mécaniciens même US se
trompaient et le résultat était sans appel...Cette Corvair disposait de trois
motorisations différentes: 110 CV, 140 CV et 160 CV avec compresseur, Sachant
tout de même que les CV US sont en SAE, c'est à dire puissance au banc sans
alternateur, et sans aucun des
accessoires qui équipent les moteurs montés sur les autos. N'empêche que ces
puissances étaient suffisantes pour que ces
autos lorsqu'elles étaient mal réglées puissent aller au clash! J'ai continué à
travailler sur le terrain avec Le Cam encore quelques jours, puis il partit sur
son propre secteur me laissant me débrouiller seul. Le secteur qui m'avait été
donné était immense: Au Nord de celui-ci c'était Auxerre Belfort, il suivait
les frontières de l'Est jusqu'à Grenoble, et puis d'Auxerre il fallait
descendre verticalement en direction du Sud englobant tout le Massif Central, et
la ville d'Aurillac en était le dernier point. Cela représentait une sacrée
surface et 18 départements. Vu la surface de ce
secteur, j'ai très rapidement compris qu'il ne fallait pas traîner et sur la
route ni chez les concessionnaires. Le concessionnaire de Bourg en Bresse, très
rapidement me surnommait : "L'Etoile filante", il disait à qui veut
l'entendre que j'arrivais chez lui, je baissais ma glace et lui demandais: ça
va? Ce à quoi il répondais: ça va. C'était évidemment très éxagéré,
mais comme il était sur la route de Lyon où j'avais plusieurs
concessionnaires, je ne traînais pas chez lui.
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