RÉFLEXIONS SUR LA PÉRENNITÉ DES VÉGÉTAUX

 

 

 

Comme chacun sait, les plantes rampantes, buissons ou arbres élancés créent généralement chaque année des fruits qui comportent la ou les graines qui germeront et reproduiront la plante mère. 

Ce système classique de reproduction est obtenu, en simplifiant, par l’accouplement des spores ou pollen tombés des étamines (partie mâle de la fleur) venus se coller sur l’extrémité supérieure du pistil (partie femelle). Ce pollen s’est détaché en très grande quantité des sacs des étamines (anthères) et va polliniser dans la plupart des cas des pistils d’autres fleurs soeurs de la première, soit porté par le vent, les insectes  ou même les oiseaux et j’en passe. Ce pollen arrive sur l’extrémité du stigmate à la manière des spermatozoïdes sur l’ovaire et va ainsi, lui, prendre contact avec l’ovule (noter l’étymologie ovaire et ovule). Ce qui permettra à ce dernier, tel l’utérus, de gonfler, grossir et devenir ainsi un fruit à l’intérieur duquel les germes de vie prêts à l’emploi que sont les graines, dès qu’elles auront acquis leur maturité. Ces graines possèdent, mis à part les qualités essentielles de la plante concernée, une partie des gènes femelles et une partie des gènes mâles suivant des règles de génétique très complexes. Les plantes ont ainsi  une méthode assez spécifique qui fait que la graine parfois passée par le tube digestif d’un animal peut se retrouver semée fort loin de son point de départ. Mais il se peut aussi que, les conditions de germination (période de l’année, humidité, qualité du sol, etc.)ne soient pas favorables. La graine n’est pas pressée si elle ne pourrit pas et elle a une très grande quantité de soeurs, l’une d’entre elles a peut-être trouvé ces bonnes conditions. On a parlé, il y a une quarantaine d’années de blé trouvé dans des urnes venant d’un mausolée égyptien inviolé jusqu’alors, il avait été semé et avait donné des épis de mauvaise qualité, il est vrai, c’était quand même étonnant ! Autre exemple, la noix de coco qui est une très grosse graine peut flotter et  traverser des océans puis germer sur une île déserte et ainsi, la coloniser. 

Mais voilà, les végétaux ont plus d’un tour dans leur sac. Il leur faut pouvoir se reproduire et survivre malgré les conditions souvent les plus dures. Ainsi bien des plantes ont des modes de reproduction complémentaires qui, quelquefois ont fait disparaître (ou presque) la reproduction par les graines. En effet  ces graines qui apparaissent sur la partie aérienne de la plante sont parfois concurrencées par des bulbes, tubercules, oignons ou rhizomes, etc.qui seront eux, exclusivement  liés à la partie enterrée de la plante. Si nous plantons une pomme de terre elle nous donnera exactement le même produit que sa mère, alors que la fleur de cette même pomme de terre qui aura pu être pollinisée par une autre variété donnera des graines dites hybrides, ce sera ainsi une nouvelle variété. 

Parlons maintenant du marcottage. Certaines plantes le réalisent naturellement et c’est le cas du fraisier, il colonise ainsi des terrains propices. Comment cela se réalise-t-il ? Des rameaux aériens s’ils deviennent un peu longs peuvent toucher le sol de telle sorte qu’ils y prennent racine  naîtra ainsi un nouveau plant. Que la liaison  se rompe ou non, ce dernier est totalement autonome par ses propres racines et reproduira des fructifications identiques au premier. 

Pour ce qui est du bouturage, c’est en fait une extrapolation du système précédent le marcottage, avec la différence que l’on sectionne carrément un rameau que l’on met en terre. Ce système a été mis au point par l’homme et permet de reproduire en assez  grandes quantités des arbustes florifères notamment. Pour de meilleurs résultats on s’aide fréquemment d’une hormone dite de « bouturage »  

Quant à  la greffe, maintenant, elle est très proche du  bouturage. En effet on prélève de la même manière un rameau mais au lieu de le mettre en terre on va le tailler en sifflet et l’encastrer dans un plant de même famille(ou très voisin) qui porte déjà de bonnes racines. C’est avant tout et essentiellement une avancée de l’homme qui l’a développé souvent pour des raisons prophylactiques ou de solidité dans des climats qui ne lui sont pas toujours propres. Ainsi bien des arbres fruitiers  sont greffés, par exemple les cerisiers sont généralement greffé sur des merisiers (espèce sauvage proche du cerisier). Généralement on greffe pour éviter des  risques de maladie. J’en veux pour preuve, et là je ne vous apprendrai rien, le cas de la vigne. Il y a environ trois générations de viticulteurs arrivait d’Amérique un petit puceron appelé « phylloxera ». Celui-ci faillit faire disparaître la vigne de notre sol. Il s’attaquait aux racines. Mais s’il  s’attaquait  aux vignes américaines, celles ci pouvaient cicatriser les plaies occasionnées et ainsi survivre. Dès lors fut trouvée la parade : Il fallait greffer le plant de vigne désiré sur un plant américain. Cette méthode a permis de sortir la viticulture d’une mort annoncée. 

Dans tous les cas de greffe, le porte greffe transporte la sève, s’accorde avec son greffon jusqu'à cicatrisation complète, mais les gènes de l’un comme de l’autre restent la propriété de l’un et de l’autre. C’est ce qui explique, parfois, la sortie inopinée d’un rameau du porte greffe. Chez la vigne, la feuille est différente. Chez le rosier qui a généralement cinq feuilles, son porte greffe l’églantier en a  sept ce qui permet de le repérer plus facilement et de l’éliminer au fur et à mesure.

Bien que cela n’ait pas un grand intérêt scientifique ni agricole on peut  aussi réaliser une greffe d’un rameau de tomate sur un plant de pomme de terre, c’est amusant mais cela s’arrête là. 

Dans les années 50, des scientifiques (tout particulièrement mon père Pierre Limasset et son collaborateur M. Cornuet) ont réalisé un nouveau système de reproduction à l’identique, au « iota près : la culture « in vitro des végétaux ». C’est la culture de Méristèmes, dont l’avantage très important que mon père avait découvert, c'est-à-dire que le méristème ne porte pas l’empreinte des virus ayant attaqué la plante mère.
Il faut savoir qu’à l’extrémité des rameaux et des racines, la partie neuve qui avance avec la croissance, de forme conique, de structure très tendre, c’est le méristème. Le méristème est composé de cellules encore indifférenciées mais ayant tous les renseignements génétiques de la plante qui les enfante. Au laboratoire on va, après prélèvements  de Méristèmes, sous une loupe binoculaire les diviser en micro parties ne comportant que quelques cellules. Cette séparation réalisée, on dispose ces minuscules éléments dans de la gelose nourricière. Ainsi, des cultures microscopiques sont réalisées, et, très rapidement de toutes petites plantules vont apparaître. Il faudra donc les transplanter dans des godets avec du terreau. On remarquera que chacune de ces plantules est rigoureusement identique l’une par  rapport aux autres. Ce sont purement et simplement des clones ! Ces plantes, plus tard, resteront jumelles, ne seront pas stériles mais leurs fruits resteront liés à la loi de la pollinisation aveugle. Par contre, le fait qu’elles soient exemptes de virus ont permis de sauver quantité de générations de pommes de terre, de tabac, de dahlias et de fraisiers. 

Bien que l’on sorte de la catégorie plante, à proprement parler, que dire en passant, des champignons ou plutôt des carpophores (pied et chapeau) que sont la partie visible du champignon ? Si je ne me trompe, ils sont asexués, et les millions de spores qu’ils perdent (c’est la seule et unique raison de leur présence sur le sol) vont ressemer dans le sol d’autre champignons qui vont s’y développer sous forme de longs filaments de mycélium (le champignon proprement dit) . Très fréquemment, ce  mycélium se développe en symbiose avec les racines des arbres. Et si, saison, humidité et chaleur sont au rendez-vous, le mycélium crée ses fructifications que sont les carpophores que nous appelons champignons pour le plus grand plaisir des mycologues ou simplement des « becs fins ». Je pourrais ajouter que les amateurs de truffes préparent de jeunes plants de chênes verts (généralement) dans un mélange très humide de compost et de truffes hachées. Puis lorsque ces plants sont mis en terre le mycélium se développe et plus tard naîtront de belles truffes ! 

Quelques mots, encore, en nous écartant un peu du sujet. Qu’en est-il des modifications génétiques ? Tout un chacun se demande si elles sont souhaitables, tant de controverses courant autours de ce sujet. Ne sommes-nous pas bien comme cela ? Alors que l’homme n’en est qu’aux balbutiements dans le domaine de la génétique, on se mêlerait d’en faire des manipulations (manipulations, tout un programme !). D’après ce que j’ai compris « ces savants » modifient le patrimoine génétique (génomes) de certaines plantes soit dans un but prophylactique, soit dans un but de rendement (quantité, qualité, volume ...) ou encore dans un but encore moins avouable de rendre des semences stériles ! ! !(cette dernière raison évidente pour obtenir des clients captifs ! ! !) lamentable, non ? N’est-ce pas un risque pour l’humanité tout entière ? Le pollen de ces fameux maïs transgénique (distribué par Monsanto si je ne m’abuse) n’est-il pas capable de faire le tour de la terre ? 

Le mot de la fin restera aux végétaux qui nous nourrissent, nous enchantent par leur beauté, nous protègent et nous aident dans toutes les utilisations possibles espérant qu’elles ne seront pas excessives. Ces végétaux du plus petit au plus grand ont des ressources immenses et n’ont pas fini de nous étonner.

 

 

La vie végétale est passionnante, la vie en général plutôt, ne trouvez-vous pas ?

Protégeons la vie. Merci de m'avoir lu.

 

Fredy